Les Tréteaux de France
Nomadland
Les Tréteaux de France présente un gros problème, qui fait en même temps sa raison d’exister. On s’explique : c’est un Centre dramatique national, en gros un équipement culturel dirigé par un artiste, qui a pignon sur rue, mais qui n’a pas de salle de théâtre. Vous voyez, c’est un problème. Mais c’est aussi son meilleur atout, car il s’est donné comme mission d’apporter le théâtre là où il n’est pas. Pas de risque d’enracinement.
L’équipe, sous la direction de Robin Renucci, arrive à la conclusion qu’il serait tout de même bon de le faire entendre en ce sens, et non comme une lacune absurde. Pour installer le plateau dans un champ, sur un parking ou sur la place bucolique d’un village, Patrick Bouchain, architecte de renom, a dessiné des tréteaux, tout simplement. Mais de beaux tréteaux, du genre de ceux qui vous feraient culpabiliser d’y mettre un intermittent dessus, ou une planche en formica. Comment trouver meilleur objet pour présenter le sujet ? Faute d’avoir les moyens de nous faire découvrir les contrées lointaines de notre beau pays, on se rabat sur les locaux d’Aubervilliers, en nous disant qu’après tout, si la question est de faire venir le théâtre là où il n’est pas, pourquoi ne pas commencer par là. Notre délégation, bien qu’un peu déçue, se rend sur place et met en scène des gens d’ici et de là, dans de simples petites saynètes, sans tambour ni trompette. Ils ont bien fait d’économiser. Content du résultat, l’équipe prolonge l’expérience par la commande d’un beau livre, célébrant les années Renucci, Robin de son prénom, directeur du théâtre s’envolant pour la Criée de Marseille. Laurianne Mariette prend les rênes du projet, et le fait filer sans filet jusqu’au BAT, réalisant au passage quelques fantasmes de cartons et de papiers, avec le consentement de Marianne, pour qui la fabrication n’a plus de secret.
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