TRR

Les glaneurs et la glaneuse

Prévoyants — une fois n’est pas coutume —, le concept de la saison 2020-2021 du Théâtre Romain Rolland de Villejuif était validé fin février : des paysages, à très petite ou très grande échelle, sur lesquels d’inattendus points de vue forceraient la réalité à se dissimuler derrière une première impression de textures abstraites.

L’art de l’illusion, du simulacre, de la mise en scène trouvait un écho visuel cochant toutes les cases des nombreuses attentes de la nouvelle directrice de la communication, Marie Barilla. Pas le temps de dire ouf que le monde se retrouve assigné à résidence, jouissant d’un rayon d’action limité à un petit kilomètre. Fucking Covid, on aurait mieux fait de procrastiner, d’autant que l’idée ayant désormais été semée, il s’est avéré difficile d’empêcher Marie de voir coûte que coûte ce projet germer. Mais la création ne se nourrit-elle pas des contraintes les plus ardues ? Mouais, mais si on peut compter sur un léger coup de pouce, on ne crache pas dessus.

Désespéré, je repense avec nostalgie aux 13 pays visités l’an passé pour cet incroyable projet, le World tour through scent. « Heureux qui comme Ulysse, me dis-je, a vu cent paysages », et c’est déjà pas mal. Mais a aussi pris 10 000 photographies, à l’Iphone X, peut-être, dont si l’on en croit les publicités de la marque à la pomme, on pourrait emballer des immeubles avec. Mettant à contribution mes collègues à l’œil neuf, mes enfants confinés-désœuvrés pour fourrer leur nez dans ces archives, on parvient à extraire quelques pépites issues de lointaines contrées, en mesure de parer à la déprime qui s’installe. Gagnant un temps précieux de production photographique, un ménage de printemps s’organise pour remettre sur pied une identité visuelle usée par une décennie d’exploitation intensive. Nouveau répertoire de formes typographiques, gammes colorées augmentées, les promesses portées par le TRR bouillonnent à nouveau dans la ville.

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