Orchestre Philharmonique de Strasbourg

Désaccorder leurs violons

L’Orchestre Philharmonique de Strasbourg a choisi, en son âme et conscience, de confier sa communication à l’Atelier, à l’issue d’une procédure d’appel d’offres parfaitement conforme à la législation. En gros, il y a eu consentement mutuel. En ce sens, il est légitime que chacun puisse s’exprimer librement et que les flatteries et la séduction cèdent le pas à l’action.

Cette situation idéale permet de partir de très loin, à savoir questionner l’Orchestre sur son offre culturelle, dépouillée du discours officiel consistant à affirmer qu’il est à destination de tous les publics. Et quand on se permet cela, on s’aperçoit rapidement que ce n’est pas vrai, bien que tout le monde le souhaite. Qui, en tombant nez à nez avec l’affiche d’un concert, et n’ayant jamais écouté de musique classique, va se rendre compte qu’il passe à côté de sa vie s’il ne va pas y assister ? Surtout que ces affiches présentent à peu près toutes les mêmes éléments : un musicien endimanché avec un violon à la main, les mots « symphonie » ou « concerto » affublés d’un numéro, le nom d’un compositeur à consonance russe, mort depuis un siècle et demi, dont bien des gens n’ont jamais entendu parler, si ce n’est peut-être en jouant au Trivial pursuit ? Alors quel risque prendrait-on d’en finir avec tout ça et de tenter autre chose ?

Après avoir proposé en vain d’inviter des chatons en résidence et de les faire parler de Beethoven sur Facebook (garantissant un taux de likes et de partages inespéré), l’Atelier a réussi à convaincre la Direction de l’Orchestre de communiquer sur la base exclusive de gros mots et de petites blagues, au sens propre. La tentative a porté ses fruits : ceux qui venaient déjà viennent encore, ceux qui hésitaient se sont sentis un peu plus concernés, et ceux qui ne sont jamais venus et ne viendront jamais ont au moins pu se poser trois questions et s’intéresser à l’Orchestre pendant une ou deux secondes.
Ouïr sans entrave, voilà un leitmotiv qui rappelle que la musique classique n’a rien de classique. À bon entendeur.

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